Le générique de Desperate Housewives est le résultat de la brillante idée qu'a eu le scénariste de la série, Marc Cherry. Cette idée n'est autre que de faire un montage d'oeuvres connues mais parodiées. Le compositeur de la musique du générique est Danny Elfman, qui à également fait celle du générique des Simpsons. La bande son du générique apporte un brin d'ironie, de "comique", aux oeuvres qui défilent.
0:00 à 0:06 Séquence 1:
Cette première séquence est une parodie du tableau de Lucas Cranach l'Ancien. Sur l'oeuvre originale sont représentés Adam et Eve, les premiers Hommes, dans le jardin d'Eden. La Bible raconte qu'Eve tient une pomme dans la main symbolisant le fruit défendu qu'elle donne ensuite à Adam qui la croqua. Suite à cela, ils firent tous deux chassés du Jardin d'Eden.
Dans le générique de "desperate housewives", cette œuvre est là première des œuvres qui défileront le long de ce générique et symbolise donc le commencement, le debut, du règne de l'Homme sur terre. L'œuvre est détournée de façon à ce que ce soit Eve qui croque dans la pomme, comme si ce n'était qu'une provocation. Adam, lui, se fait littéralement écraser par une pomme géante à 0:01 secondes lorsque Eve saisit la pomme que lui tend un serpent dans l'arbre. L'homme devient donc une victime de son péché, il est humilié par la femme. Jusqu'à 0:06 secondes nous avons un gros plan sur Eve. Comme si c'était la femme qui écrasait l'homme, le dominait. Il y a là une remise en question de la place que tient l'homme dans le couple.
Les transitions entre chaque oeuvre sont faites sous forme de "collage" et nous verrons que nous retrouvons certains éléments des oeuvres précédentes dans celles qui les suivent.
0:07 à 0:11 Séquence 2:
La seconde séquence est l'œuvre détournée de Nefertari qui date de l'antiquité égyptienne. Nefertari était reine d'Egypte et avait dix enfants, elle était l'épouse du pharaon Ramsès II.
L'œuvre détournée nous montre une Nefertari débordée et impuissante, qui s'écroule à cause des nombreux enfants qui l'entourent et l'oppressent.
0:12 à 0:19 Séquence 3:
L'œuvre originale de cette troisième séquence est un tableau de Jan Van Eyck datant de 1434, intitulé «Les Epoux Anolfini». Sur ce tableau est représenté le mariage d'un riche marchand italien avec une jeune femme issue d'un rang social inférieur, qui par ailleurs se trouve être enceinte et sous l'emprise de son mari, soumise. Tout comme dans l'œuvre détournée, où l'homme mange une banane et balance la peau sur le sol, près d'autres déchets (nous pouvons même imaginer qu'il considère sa femme comme tel: un déchet), et où la femme se précipite, armée de son balais, afin de ramasser tout cela. Nous retrouvons ici l'idée de soumission chez la femme.
Lors de la transition de ces deux séquences, nous voyons que la femme du tableau de Van Eyck "lance son balais par la fenêtre" de la maison du tableau suivant.
0:20 à 0:28 Séquence 4:
Dans la quatrième séquence, l'œuvre originale est celle de Grant Wood, « American Gothic » qui date de 1930. Comme nous avons pu le dire dans la brève présentation que nous avons rédigée de cette œuvre, un couple est peint sur cette toile, comme c'est le cas pour les précédentes. Ils se trouvent devant leur maison, une maison de classe moyenne. La femme ne nous regarde pas contrairement à son mari tenant une fourche, mais fixe quelque chose ou quelqu'un se trouvant dans une direction opposée. Elle semble femme frustrée et son mari nous à tout l'air d'être sévères. L'homme nous paraît être pour sa femme un obstacle à toute approche de l'exterieur. Alors qu'au contraire, dans l'œuvre détournée présente dans le générique le mari se laisse séduire par une pin-up peinte par Gil Elvgren, tandis que sa femme assiste à la scène sans pouvoir intervenir, son visage se décompose et la tristesse l'envahit. Ici encore, la soumission de la femme perdure. Elle finit enfermée dans une boîte de sardines. Boîte que l'on retrouve dans la séquence suivante sur un comptoir.
0:29 à 0:32 Séquence 5:
L'œuvre originale de la cinquième séquence est une affiche de propagande de la seconde guerre mondiale de Dick Williams. Son affiche avait pour but de convaincre et de pousser les femmes à ne penser que pour la patrie, afin d'éviter la pénurie du rationnement alimentaire. L'œuvre à été détournée en montrant la femme qui tente de se réapprovisionner en vain puisqu'elle fait tomber une boîte de Campbell's Tomato Soup, à cause du poids de ses provisions. Cette boîte de soupe a été peinte par Andy Warhol, et comme la boîte sardine, on la retrouve dans la séquence suivante.
0:33 à 0:37 Séquence 6:
L'œuvre originale de la sixième séquence est enfait deux images regroupées de pop-art faites par Robert Dale dans la fin des années 50. Cet art se base principalement sur le rôle de la société de consommation à travers les publicités, les bandes déssinées, les magazines... L'œuvre détournée se trouve être la combinaison de ces deux œuvres de Robert Dale. Nous voyons l'homme qui rattrappe la boîte de soupe, la femme pleure, puis met un coup de poing à l'homme qui se retrouve avec un œil un beurre noir. Contrairement aux œuvres des séquences précédentes, la femme se rebelle et n'est tout d'un coup plus soumise. Il y a là une révolte de la femme après qu'elle se soit fait "marché dessus". On brise complètement l'idée du couple parfait et le coté romantique de celui-ci, parfaitement amoureux, qui s'entend parfaitement et où la femme n'a rien à dire. Les mœurs ont évolué dans le sens où la femme est désormais une femme indépendante et ne doit pas se soumettre à la volonté de son mari.
0:38 à 0:42 Dernière séquence du générique:
Dans cette septième et dernière séquence, le générique se termine comme il a commencé. On retrouve le jardin d'Eden mais cette fois-ci ce ne sont pas Adam et Eve qui s'y trouvent mais les cinq héroïnes de la série, tenant chacune le fruit défendu.
En conclusion, le générique que Marc Cherry à produit pour sa série américaine "Desperate Housewives" nous fait découvrir avec culot des parodies d'œuvres mondialement connues. Nous pouvons y distinguer une évolution chronologique des œuvres qui résume environ 2000 ans de l'histoire des femmes et de leur place au sein du couple ainsi que la remise en question de celle des hommes. Nous retrouvons certains stéreotypes américains à travers ce générique. Comme avec Nefertari, ce sont aux femmes de s'occuper des enfants. Comme avec la femme du tableau "Les époux Anolfi", ce sont aux femmes de faire le ménage. Ou encore comme dans l'affiche de propagande de Dick Williams, ce sont aux femmes de rationner leurs aliments et ceux des hommes.
Dans chacune des séquences analysées, Marc Cherry et Sam Mendes utilisent tous deux des procédés du détournement et de l'ironie. L'un par l'art et l'importance de la femme et l'autre par les clichés du quotidien américain.